[Retour à la 2e partie]

Il est bon d’improviser, mais pour atteindre ces états de grâce où la créativité coule à flot, il faut bien maîtriser son art. Et tout ça, c’est… du travail! Donc finalement on n’y échappe pas, mais remarquez que c’est bien du travail choisi, et non pas forcé par des contraintes pécuniaires.
Personnellement pour évoluer le plus rapidement, je m’approprierais les services d’un virtuose de l’art en question. Par exemple, vu que je suis un fan du break-dancing de Michael Jackson, j’aurais pu regarder à longueur de journée ses clips pour m’inspirer… en voici d’ailleurs un rien que pour le plaisir :



Mais si j’embauche directement son professeur de danse, j’apprendrais évidemment beaucoup plus vite. Sans compter que celui-ci saura aussi m’inculquer la motivation et la discipline nécessaires pour avancer, étant déjà passé par là.
Je sais bien que certaines disciplines peuvent aussi s’apprendre tout seul, en autodidacte, mais l’interaction avec un maître restera toujours essentielle. Même les plus grands génies ont été assistés à un moment ou à un autre. Un maître connaît les pièges à éviter, les réseaux d’experts, les meilleurs fournisseurs d’équipement, il sait où aller chercher l’information et a le pouvoir d’inspirer rien qu’en montrant l’étendue des possibilités offertes. Son regard critique saura aussi faire évoluer l’apprenti dans la bonne direction et lever les difficultés qui se présentent.
Si avec ça je reste à un niveau médiocre, il me faudra alors faire la part entre persistence et entêtement. Car finalement, comment être sûr d’être vraiment fait pour cette activité que je rêve de maîtriser? Faut-il passer 10 ans à s’entraîner dur pour atteindre un niveau moyen dans un art, là où 5 ans suffisent à se propulser au top dans un autre? Il est certain que la réalité est parfois dure à accepter, et il faudra de réels talents d’introspection pour choisir judicieusement. Mais si la piste se révèle sans issue, ce n’est pas un problème : j’explorerai tout simplement la prochaine discipline qui m’attire.
L’exposition à l’ancienne discipline ne sera pas perdue pour autant. Car elle aura déjà fait germé tout un tas de concepts nouveaux qui pourront être utilisés dans la prochaine discipline que j’explorerai. Par exemple, si j’ai appris les rudiments du break dancing, peut-être pourrai-je mêler certains mouvements au tango argentin, afin de créer un nouveau style! Bien entendu, cet exemple est facile puisqu’on parle ici de deux disciplines faisant partie d’un même art : la danse. Mais il est clair que le mélange peut aussi se produire, et sera même plus innovant s’il se situe à l’intersection de deux secteurs radicalement différents.
J’emprunterai pour cela l’exemple du rapprochement qu’a fait Richard Dawkins dans son livre Le gène égoïste, écrit en 1976, entre l’évolution génétique et l’évolution culturelle. Il suggéra que les idées, qui constituent les briques de notre culture, évoluent et se propagent comme les gènes. Il appela ces briques des “mèmes” et écrivit qu’un mème peut être une chanson, une idée, une attaque de phrase, une tendance de la mode, une façon de faire des poteries ou de construire des arches. De la même façon que les gènes se propagent à l’échelle mondiale en passant d’un corps à l’autre via le sperme et les oeufs, les mèmes se propagent en passant d’un cerveau à l’autre grâce au processus d’imitation.
Vous imaginez? Chaque mème lutte donc pour sa survie dans nos boites craniennes. Certains persistent et se transforment, tandis que d’autres disparaissent. Cette nouvelle notion, sortie de nulle part, était tellement nouvelle qu’elle a engendré une nouvelle discipline : la mémétique.
Il est donc évident que se diversifier sera un atout majeur pour atteindre une ouverture d’esprit la plus large possible. A l’inverse d’un boulot conventionnel, grandir à l’intersection de tant de disciplines permet de nous mettre à l’abrit de la routine, ce qui produira une vie plus passionnante. Au terme de ce périple, on aura plus de chance d’avoir trouvé sa vocation ou des talents cachés, plus de chance d’avoir inventé ou découvert des choses propres à faire avancer la société d’une manière sigificative.
Et puisqu’on nous donne ici le luxe de l’argent mais pas de la jeunesse éternelle, il sera bientôt temps de coacher la relève, transmettre tout ce précieux savoir acqui de tant d’expériences variées. S’assurer que nos mèmes les plus précieux ne tomberont pas dans l’oubli. Pour mourir enfin en ayant le sentiment d’avoir goûté au plaisir d’une vie exaltante menant au progrès.
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